Hokusai et le mystère du poisson muet.

Zebrasoma Veliferum
Zebrasoma Veliferum

Le mystère du poisson muet est-il enfin percé ?

 

Ah, que voici un bel oublié de la ligne Yukari de Namiki !


Le fabricant le nommait "Poisson Tropical" lors de sa courte carrière, car c'est encore un produit , qui n'a jamais vraiment réussi à trouver son public.


Peut-être parcequ'il semblait trop sorti directement de son aquarium comme un lactaire d'animalerie de supermarché.

Pourtant le thème des poissons est des plus présents dans les arts de l'Asie et donc dans les transpositions qu'en ont fait les laqueurs de Namiki.


Ainsi , on se souvient de l'extraordinaire "Same", le grand requin blanc retenu pour une série limitée inoubliable et dont je reparlerai.

Ou encore des muliples variations sur le thème de la carpe, précieuse entre toutes au coeur des bouddhistes, mais pas d'eux seuls.


En vérité, lorsque ce modèle est sorti, on ne s'est pas battu pour l'acquérir et je ne pense pas qu'il ait été produit à plus de quelques dizaines de pièces.


La qualité du travail n'était pas à remettre en cause , loin de là.

En effet, il s'agit comme chaque fois que le laqueur se fixe une très haute exigence qualitative, d'un travail entièrement à plat dit Togigashi maki-é, sur lequel  un magnifique travail de poncage fait surgir l'image de sa gangue de laque noire oû elle semblait inatteignable.


Comme pour tout ce qui ne se livre pas spontanément, il faut faire un effort pour pénétrer dans les détails .

Mais un effort récompensé par une qualité exceptionnelle de rendu des détails des marbrures alternées d'or et de laque bleue de ceruléum.


Ici tout est dans la subtilité, l'immobilité pétrifiée comme un non - agir , qui n'est pourtant pas une absence d'action.

C'est sans doute cette absence d'émotion, qui a nui à son succès commercial.


En fait, on n'avait rien à dire et notre poisson chirurgien n'avait rien à déclarer non plus.

Perdu dans sa vision intérieure, il ne nous regardait pas.

Il était et c'est tout.


Inquiétante image même réchauffée par la belle association de l'or et du bleu encadrée par la compositon de plantes aquatiques aux tons de cinabre orangé comme un rouge de cadmium et qui donnent un surprenant côté automnal à la flore sous-marine.


Pour couronner le tout il nous était refusé pour cette peinture, toute référence iconographique à laquelle notre raison aurait bien voulu se raccrocher pour "cibler" mentalement ce spectre accroché dans le vide de cette eau translucide, qui se fait oublier, mais qui est quand même si présente, même si on ne la voit pas.


Pour ma part je suis à peu près certain qu'il s'agit d'un extrait des carnets de croquis, la manga, de Hokkusai, ce vieux fou de peinture.


Sa marque et son style sont vraiment présents pour celui, qui veut bien ouvrir les yeux et c'est justement ce que nous propose l'artiste, qui cherche à focaliser notre esprit sur l'oeil de la bête, un oeil qui ne cille pas , qui ne se referme jamais même lorsqu'il rêve.


Mais un rêve loin de l'hypnose d'insensibilité antalgique ou des paradis artificiels, rien qu'une présence de vérité sans affects,sans l'aide de la moindre compensation, attentive à dissiper les illusions perçues comme des ombres déformées par les organes des sens.


On se rends compte soudain, que c'était beaucoup pour nous, comme une limite à notre soif d'illimité.


Un rappel instinctif à la sagesse qui nous dit qu'il est dangereux pour ce qui est limité de cotoyer ce qui n'en a pas.

Finalement qu'est-ce qu'il cause ce poisson !


A bientôt pour une prochaine exploration des abysses.

 

 

 

 

 

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