Connaissez-vous U ?

U le cormorant
U le cormorant

 

Quand on me demandera ce que nous apporté le G 20 à Cannes, je crois que je répondrai spontanément : la pluie !

 

Dieu, que d'eau sur la terre et la mer démontée.

 

Dans l'esprit très concret de s'adapter aux circonstances, il est logique de se chercher un allié, voire un protecteur capable de vous aider à surmonter la crise.

 

C'est ce que les hommes ont fait de tous temps et c'est une recette, qui garde toute sa pertinence.

 

Comme toute la région est inondée, je m'intéresse donc à un spécialiste , le cormorant,  à travers ce modèle yukari de Namiki, qui n'est plus fabriqué aujourd'hui.

 

U, c'est le nom du cormorant au Japon.

 

En Occident, U est souvent considéré comme un fléau par les pêcheurs à la ligne.

 

En Asie,au contraire et  depuis des temps immémoriaux U est l'incarnation même de l' animal utile, qui travaille dur pour son maître et fait partie, selon les chroniques japonaises anciennes du Kojiki, des deux premiers animaux apprivoisés par l'homme avec le cheval.

 

Il aurait même sauvé de la famines les troupes affamées de l'empereur Jimmu, le souverain primordial et il est honoré à ce titre.

 

Mazette, quel seigneur des airs et des eaux ce U !

 

Dans les temps anciens, pêcher au cormorant était également  considéré comme une preuve d'élégance voire de romantisme.

 

En fait et j'ai pu le constater de mes yeux en Chine, c'est du boulot pour le maître comme pour la bête, qui se pratique en eaux calmes sur un frêle radeau de bambous.

 

On attire les poissons en surface avec un brasero et la bête gloutonne rapporte sa proie sans l'avaler grâce à la bague, qui lui serre le cou.

 

Puis il faut lui faire déglutir le poisson sans finir à l'eau, ce qui n'est pas gagné d'avance.

 

Le pêcheur sourit avec l'air de vous dire : "c'est bien mieux lorsque c'est difficile".

 

Dans la nuit noire, sous les flammes du brasero, ne manquez pas alors de réciter  ces vers, que tout le monde connaît et qui prennent alors toute leur saveur :

 

Cormorant, toi, qui explore les profondeurs du néant

Ramène mon âme

A la lumière.

 

Pas mal pour un oiseau, qui sent si fort le poisson !

 

Quant au stylo Namiki, c'est une réalisation , que j'ai toujours apprécié et qui se situe dans la même lignée que le pigeon de Yoritomo, à savoir un excellent travail togigashi maki-è, laissant apparaître des détails d'une grande finesse dans un fondu d'ensemble de toute beauté.

 

Soyez attentif au plumage et cette déclinaison de teintes qui semble comme illuminée par le crépuscule.

 

A ce sujet, notez également qu'il existe de nombreuses variantes dans le bleu, qui en font à chaque fois un objet unique.

 

Pour finir sur une note pratique, je vous indique à vous tous , amateurs de poisson cru,  que invoquer  la protection du cormorant est un remède souverain, contre les arrêtes de poisson coincée au fonde de la gorge.

 

La prochaine fois que cela se produira, pendant qu'on cherchera , aux urgences, à l'extraire délicatement de votre larynx, ne manquez pas de réciter le fameux "U no nodoro" japonais, qui signifie :

 

"puisse-je avoir moi aussi la gorge profonde du cormorant, afin d'avaler sans encombre".

 

Bon appétit .

 

 

 

U
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