Toro la mante religieuse.

Toro
Toro

 

 

La voici enfin cette terrible mante religieuse, preying mantis en anglais, toro en japonais ou encore t'ien ma en chinois, oû elle prend l'appelation de "cheval du paradis.

 

Saint François-Xavier , impressionné par la devotion apparente de la bête la voyait chantant un cantique.

 

N'allons pas jusque là.

 

Nous la surprenons, cette prédatrice dans une attitude de combat, prête à se lancer sur notre suzu-mushi, qui a fait l'objet de nos précédents commentaires.

 

Elle nous regarde de ses grands yeux ronds, guerrière épatante de fausse candeur.

 

 

Revenons plutôt à cette composition animalière, dont tous les acteurs, grillons ou mante se retrouvent sur cet Empereur Namiki, chant du cygne de Maître Yoshida et essayons d'y découvrir quelque sens caché , qui nous enchante.

 

Tout d'abord, lorsque l'on parle de la mante religieuse, c'est le texte de Zhuang-zi, qui nous revient immédiatement à l'Esprit.

 

Comment, vous ne l'avez pas encore lu, mais précipitez-vous donc sans attendre !!!

 

Pour les anciens, la mante religieuse représentait, en Chine la quintescence de la valeur guerrière et célébrée pour son aptitude à relever tous les défis.

 

Ainsi, Zhuang-zi, la mettant en scène dans un conte célèbre, nous parle de sa rencontre du Duc de T'sai, lui lancé à fond sur son char de guerre, elle dressée sur sa route, au fond de l'ornière.

 

Apercevant l'insecte le cocher se mit immédiatement debout sur les freins, provoquant l'étonnement du Duc.

 

"Qu'est-ce donc et pourquoi ceci ", demanda-t-il ?

Car il savait , ce cocher, que la mante est le seul insecte, qui ne sache qu'avancer au combat et ignore la retraite (comme Yoshida, lui-même).

 

Touché par tant de courage , le Duc ordonna qu'on l'évitât et déclara, que si la bête avait été  un homme, elle serait déclarée champion des héros de l'Empire, le Duc  s'attirant au passage la loyauté et l'estime de tous les guerriers.

 

Zhuang-zi était bien sûr taoïste, mais le commentaire des bouddhistes le suit toujours de très près, parfois pour s'en inspirer, souvent pour le contrarier comme on le constate avec ce proverbe destiner à limiter l'orgueil :

 

" Même les puissantes mandibules de la mante religieuse sont impuissantes à la protéger de la roue du destin"...

Et paf !!

 

Je crois, que nous sommes avec cet "Automne précoce" de Namiki, devant un des rares cas oû l'artiste ne s'est pas contenté de reproduire un thème trouvé dans l'estampe, la peinture ou la statuaire, mais oû il a mis en scène des personnages dans lesquels il raconte sa propre histoire ou du moins, c'est ainsi que le me plais à l'imaginer.

 

Quelle imagination , peuchère !

 

Mais une histoire adaptée à travers un thème pictural voisin celui de la" lutte de la mante et de la chauve-souris pour une courge", d'après Kyosai, artiste de l'école de Kano.

 

Voyons donc ce travail , sous réserve d'inventaire et de recherches plus complètes, comme une création de Yoshida.

 

Et même mieux, comme un rébus.

 

Imaginons, le grillon de combat, qui fait beaucoup de bruit et se donne de l'importance , comme le responsable des ressources humaines de la taule par exemple et Yoshida en mante religieuse, souvenez-vous cette bestiole, qui ne "retraite" jamais et vous comprendrez l'intrigue, qui se joue sous nos yeux, le Maître étant poussé vers la sortie par l'âge et la loi, mais qui défend la courge,trophée ou alégorie de la récompense, bien illustrée sur le corps du stylo, objet de toute convoitise terrestre.

 

Pourtant,dans cette affaire, ce fût la mante, qui fût mangée toute crue, mais avec les honneurs.

C'est bien la moindre des choses.

 

Drame d'un artiste salarié, qui voulait encore créer.

 

Les cris du coeur sont toujours silencieux.

 

 

 

 

Écrire commentaire

Commentaires: 0