Etes-vous physiognomoniste ?

Courtisane au peigne ovale.
Courtisane au peigne ovale.

 

 

Oui, c'est vrai qu'il s'agit d'une question essentielle et en tant qu'artiste Outamaro n'avait pas manqué de se la poser dès 1794 .

 

Vous avez du retard ?

 

Ce n'est pas grave, car il s'agit d'un art que vous avez toujours pratiqué, même sans le savoir. 

 

Il mêle le sens de l'observation et la capacité de reproduire ou d'interpréter mentalement un état psychologique particulier retranscrit en image.

 

 

 

 

 

 

Toutes qualités nécessaires à un portraitiste, fût-il japonais. 

Outamaro (1753-1804) était un observateur né.

 

De l'enfance il avait conservé ce don d'observation des particules cachées de la nature, cette magie qu'ignore l'âge adulte dans son incapacité à s'émerveiller des choses simples, comme le monde des insectes, les mushis, si chers aux poètes et artistes du Japon ancien.

 

Parvenu à l'âge  d' homme c'est vers un autre genre de sauterelles qu'il avait porté son attention et ses goûts, au point que le surnom de peintre des "Maisons vertes", que lui donnèrent les frères Goncourt, lui est resté.

 

Yoshiwara...

 

Edo, ville pionnière, ville d'hommes sans femmes, mais proposant le plus grand bordel du Japon, le fameux Yoshiwara en question. Dans ce climat de sensualité exacerbé et d'argent facile (déjà...), la promotion des pensionnaires des maisons closes, des belles filles des maisons de thé etc finit par apparaître comme un genre à part entière à travers le genre de l'estampe, alors en plein développement.

 

Ainsi servirent de modèles les fameuses courtisanes Naniwaya Okita et Takashima Ohisa. Mais cette interprétation toute commerciale introduisit un véritable révolution dans la peinture japonaise du portrait.

 

En effet, jusque là, le portrait tel que nous le concevons en Occident, n'existait pas. Seuls étaient reproduits des portraits de groupe ou en pied. Sur notre stylo Namiki, de la série Tradition, nous avons une belle représentation à mi-corps caractéristique de l'okubi-é.

 

Sur son catalogue, le fabricant le désigne comme la courtisane au vidro...

 

La belle soufflerait ainsi dans une petite trompette...

 

Celle de la renommée?

 

On peut se poser la question.

 

Cependant, il est clair qu'il s'agit d'un extrait de la série des 10 physiognomonie d'Outamaro.

 

De cette série de 10 portraits, il ne reste que 8 connus, dont celui-ci. L'artiste l'avait nommée Fujin Sogaku Juttai et bien sûr n'avait pas manqué de signer "somi Utamaro gâ", c'est à dire : dessinées par Utamaro le physiognomoniste.

 

Pourtant, alors que son dessein semblait clair, à savoir une interprétation des mystères de la psychologie féminine à travers une étude de caractères, Outamaro decida de nommer "etudes de physionomies" les 4 dernières estampes. Ce n'est plus du tout la même chose, puisque physionomie désigne les traits du visage.

 

Etonnant, surtout qu'elle est accompagnée d'un changement de signature de l'artiste : sokan Utamaro gâ, signifiant "scrupuleusement dessinées par Utamaro, qui étudie les physionomies".

 

Mais ceci est une manière de  revenir à notre courtisane dite au vidro.

 

En effet, ce fameux vidro n'est pas une trompette, mais un peigne ovale destiné à maintenir un instant les cheveux. On le retrouve sur le portrait de la femme inconstante de la même série. 

 

Déjà, la Bibliothèque Nationale de France, sur son site faisait déjà remarquer l'erreur d'interprétation assez courante entre le peigne et la fameuse petite trompette imaginaire .

 

C'est drôle, une courtisane soufflant dans une trompette !

 

Pourquoi pas dans un mirliton!

 

Donc, on ne s'étonnera pas que les services de Namiki se soient également fourvoyés dans cette appellation hasardeuse.

 

Pourquoi s'en offusquer ?

 

Parce que le travail du laqueur de l'Académie Kokokai, n'est pas ou rarement un travail de création, il consiste à honorer le travail des peintres anciens.

 

Le laqueur n'est jamais en concurrence avec le peintre, il tente par son art à lui de donner une interprétation complémentaire et inattendue issue de la magie du laque et des techniques du maki-é.

Comme une dette à la lumière?

 

Peut-être.

 

De mon côté, j'essaye modestement de vous mettre sur la piste des vrais trésors et de rendre ainsi ce qui m'a été donné généreusement en son temps.

 

 

 

 

 

 

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Commentaires: 1
  • #1

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